Sophocle : Électre

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Électre

– Sophocle –

Introduction

Sophocle. Dessin d'après un buste du Musée du Vatican et gravé par Ambroise Tardieu, 1825.📖 Électre est une tragédie de Sophocle, écrite au Ve siècle av. J.-C. Cette tragédie de la vengeance raconte comment les enfants d’Agamemnon reprennent le pouvoir paternel qui a été usurpé par Égisthe. Le sujet a déjà été traité par Eschyle dans les Choéphores.

La date précise de la pièce de Sophocle, écrite vers la fin de sa vie, n’est pas connue, mais on la situe aux environs de 415 av. J.-C., avant l’Électre d’Euripide (413 av. J.-C.). Selon la légende des Atrides, Agamemnon a été assassiné à son retour de Troie par sa femme Clytemnestre secondée par son amant Égisthe. Électre, fille de Clytemnestre, a pu soustraire son jeune frère Oreste aux mains des meurtriers et l’envoyer en Phocide chez un hôte. Parvenu à l’âge adulte, Oreste revient en Argolide pour venger son père et reprendre le pouvoir des mains d’Égisthe.

Devant le palais, à l’aube, Oreste révèle à son précepteur le plan qu’Apollon lui a prescrit pour venger son père (prologue). Électre, derrière une porte, pleure encore son père et la longue absence de son frère, raconte sa misère (parodos), les injures essuyées et son dégoût de voir Égisthe occuper le trône de son père et coucher dans le lit de sa mère. Elle reproche à sa sœur Chrysothémis sa lâche soumission et l’engage à détourner le sacrifice demandé par leur mère pour conjurer un rêve funeste (premier épisode). Quand Clytemnestre prétend justifier le meurtre de son mari par le sacrifice d’Iphigénie, elle dément son prétexte pour l’accuser d’infamie. Après l’offrande conjuratoire de cette mère, l’annonce et le récit de la prétendue mort d’Oreste jette Électre dans le plus grand désespoir (deuxième épisode). Non informée, Chrysothémis, qui croyait avoir reconnu des signes de l’arrivée opportune d’Oreste, accourt, enthousiaste, et se heurte au malheur de sa sœur qui lui demande, en vain, de favoriser son projet de tuer elle-même Égisthe (troisième épisode). Mais alors qu’elle se lamente sur les prétendus restes d’Oreste, Électre reconnaît son frère en l’un des porteurs de l’urne. Après une longue effusion, elle le conduit vers le palais et l’incite avec rage à venger leur père (quatrième épisode). Après Clytemnestre, Égisthe, que ramène joyeusement des champs la fausse nouvelle de la mort d’Oreste, est abattu.

→ Biographie de Sophocle. – Ajax. – Œdipe roi. – Œdipe à Colone.- Histoire et règles de la tragédie.

Personnages principaux

Dans la tragédie d’Électre écrite par Sophocle, les personnages principaux sont les suivants :

Électre : La fille d’Agamemnon et Clytemnestre, sœur d’Oreste. Elle est le personnage central de la pièce et est déterminée à venger la mort de son père.

Clytemnestre : La mère d’Électre, qui a participé au meurtre d’Agamemnon. Elle est un personnage complexe, partagé entre la culpabilité et le désir de maintenir son pouvoir avec son amant Égisthe.

Oreste : Le frère d’Électre, qui a été envoyé en exil pour échapper à la colère d’Égisthe et Clytemnestre après le meurtre d’Agamemnon.

Égisthe : L’amant de Clytemnestre, qui participe au meurtre d’Agamemnon et prend le contrôle du royaume de Mycènes.

Chœur : Le chœur est un groupe de citoyens de Mycènes qui commente l’action de la pièce, réfléchit sur les événements et exprime des opinions sur les personnages et leurs actions.

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Ces personnages interagissent dans un drame tragique qui explore des thèmes de vengeance, de justice, de loyauté filiale et de moralité. Chacun d’entre eux contribue à l’intrigue complexe de la pièce, faisant d’Électre une tragédie riche en personnages et en émotions.

Encore un caractère intraitable

Sophocle, comme Euripide le fera après lui, traite cet épisode autrement qu’Eschyle. Non seulement l’absence (la nourrice) et l’ajout de personnages redistribuent les rôles, mais le personnage d’Électre est mis en relief, tandis que l’importance de la vengeance religieuse, même affirmée, est masquée, de sorte que les rôles d’Apollon et d’Oreste s’affaiblissent. Le premier édicte au second l’ordre et les moyens de la vengeance (introduire les meurtriers sous l’identité de prétendus messagers de la mort d’Oreste), mais influence moins l’action qu’il garantit et légitime (Reinhardt). Oreste affiche une certaine légèreté : l’horreur du matricide n’a pas dans sa conscience la répercussion qui faisait chanceler l’Oreste d’Eschyle. A. Dain, qui loue la perfection technique de la pièce, considère que Sophocle y manque de sincérité. Tout cela, ajouté à la figure de Chrysothémis prête à la compromission, contribue à dessiner l’imposant caractère d’Électre. Personnage intraitable, conforme au goût de Sophocle, elle exige la vengeance inconditionnelle comme un devoir dû à son père, harcèle de haine ses ennemis et pousse son frère au meurtre par un langage tentaculaire et conquérant, déterminée moins par un ordre divin que par les souffrances et les humiliations subies.

Une intrigue très construite et pathétique

Le conflit entre les enfants vengeurs et le couple usurpateur qui entend conserver le pouvoir et en écarter les héritiers légitimes noue l’action. L’effort de chaque parti est entravé par des obstacles qui ralentissent ou contredisent la progression voulue. Cette intrigue est organisée de façon à susciter les mouvements les plus divers de l’âme : transport de haine ou d’amour, d’espoir ou de désespoir, tourment, cri d’amertume ou triomphe, impuissance et défi, etc. Ainsi, pendant qu’Oreste instruit son plan, Électre, en situation de faiblesse, se répand en plaintes avant de se rendre offensive dans le débat avec sa sœur et l’attaque contre sa mère. Celle-ci, désarçonnée par son rêve et cette attaque, reprend l’ascendant après sa prière, quand le messager annonce la mort d’Oreste. Électre sombre alors dans un désespoir auquel Chrysothémis, momentanément enthousiaste, n’échappe pas.

Ce « répertoire d’effets pathétiques » s’élargit avec la scène de réception de l’urne funéraire précédant la scène de reconnaissance. La rencontre des enfants séparés étant un préalable à leur réussite, Sophocle maintient la tension dramatique par un jeu entre proximité et éloignement, « séparation et effleurement » (la reconnaissance possible dès le début est retardée).

Dans le prolongement de cet art, Reinhardt situe ces manières de fugues contrapuntiques : développements antithétiques où se croisent en sujet et contre-sujet la montée en triomphe suivie de déclin d’Électre et le déclin suivi d’une montée en triomphe de Clytemnestre.

Le traitement de l’espace 

Le palais où se joue le pouvoir est le lieu à conquérir ; Électre, au début de la pièce, occupe une place critique : la porte, à cheval entre le dedans et le dehors. Par sa sortie, Égisthe a laissé la possibilité à ses ennemis qui étaient au dehors de s’emparer du palais. Clytemnestre, qui y est restée seule, est vaincue et son cadavre sert d’appât pour attirer Égisthe dans ce lieu devenu pour lui espace du danger. Les franchissements du seuil portent donc symboliquement l’issue du conflit.

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Adaptations et interprétations

L’histoire d’Électre écrite par Sophocle a été reprise et adaptée par de nombreux artistes, écrivains, dramaturges et cinéastes au fil des siècles. Voici quelques-unes des adaptations notables :

▪ Euripide : Un autre dramaturge grec de l’Antiquité a également écrit une pièce intitulée Électre. L’œuvre d’Euripide présente une version différente de l’histoire, mettant l’accent sur la vengeance d’Électre.

Jean Giraudoux : Le dramaturge français a écrit une pièce intitulée Électre en 1937, qui est une adaptation moderne du mythe grec.

Jean-Paul Sartre : Le philosophe et dramaturge français a réécrit l’histoire d’Électre dans sa pièce Les Mouches (1943), une relecture existentialiste du mythe.

▪ Eugène O’Neill : Le dramaturge américain a écrit une pièce intitulée Mourning Becomes Electra (1931), qui est une adaptation libre du drame d’Électre dans un contexte américain pendant la Guerre de Sécession.

▪ Michael Cacoyannis : Le réalisateur grec a réalisé un film intitulé Électre en 1962, basé sur la pièce d’Euripide.

▪ Carmen Martin Gaite : L’écrivaine espagnole a écrit un roman intitulé Retahílas (1974), qui présente une version moderne de l’histoire d’Électre.

Ces exemples ne sont que quelques-unes des nombreuses adaptations d’Électre. Chaque artiste a apporté sa propre interprétation et perspective au récit, offrant ainsi une variété d’approches artistiques du mythe d’Électre.

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