Le théâtre : repères historiques

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Le théâtre : repères historiques

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Retrouvez quelques repères historiques concernant le théâtre du Moyen Âge au XXe siècle. Le théâtre est un genre littéraire regroupant toutes les œuvres qui, obéissant à certaines conventions, sont destinées à être jouées en public.

Le Moyen Âge

Le théâtre sacré naît de la liturgie. Il se caractérise par son lieu – l’église – et ses officiants – les clercs eux-mêmes. On distingue :

les drames semi-liturgiques, écrits en français et représentés sur le parvis des cathédrales, tel Le Jeu de saint Nicolas du trouvère Jean Bodel;

les miracles, plus familiers et réalistes, qui mettent en scène les interventions miraculeuses de la Vierge et des saints;

les mystères, puisant leur matière dans la Bible, exigeant de nombreux acteurs, des décors compliqués, plusieurs jours de représentations, tel Le Mystère de la Passion d’Arnoul Gréban.

Le théâtre profane, puisant dans la tradition antique, est d’inspiration comique. Il comprend :

une dramaturgie énigmatique, succession de tableaux divers mêlant humour et réalisme, comme Le Jeu de la feuille d’Adam de la Halle;

des sotties, qui se relient à l’ancienne fête des fous, composées de scènes bouffonnes et satiriques interprétées par des Sots;

des moralités, pièces allégoriques a intention moralisatrice;

des farces, pièces de théâtre bouffonnes qui mettent en avant la saveur de la parole populaire, telle La Farce de Maître Pathelin.

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→ À lire : La littérature française au Moyen Âge. – La farce. – Bouffons et bouffonerie. – La Farce de Maître Pathelin.

Le XVIe siècle

La Renaissance se caractérise par :

– le déclin du théâtre médiéval après l’interdiction des mystères par le parlement de Paris ;

– la naissance d’un théâtre humaniste d’inspiration antique (Les Juives de Robert Garnier). Les théoriciens Scaligero et Vauquelin de La Fresnaye jettent les bases du théâtre classique (imitation des Anciens, règle des trois unités) ;

– la survivance d’un théâtre comique avec notamment Les Esprits de Pierre de Larivey, sur le modèle des poètes latins Plaute et Terence, qui inspirera Molière (L’Avare).

→ À lire : La littérature française au XVIe siècle.

Le XVIIe siècle

Le XVIIe siècle est marqué par le renouvellement et l’essor de la tragédie. L’artisan majeur de cette dramaturgie est Pierre Corneille, qui a su exploiter le goût nouveau au moment où le public se laissait de l’académisme en vigueur. D’autres grandes figures du classicisme sont : Jean Racine, Molière et Jean de La Fontaine.

Portrait de Nicolas Boileau.Petit à petit s’élabore la doctrine classique, dont Nicolas Boileau a été considéré comme le théoricien dans son Art poétique (1674). Boileau y recense les principes d’un idéal poétique :

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– imiter les modèles de l’Antiquité, incontestables car ils ont su résister à l’épreuve du temps;

– « instruire et plaire » : l’auteur dramatique se doit de proposer une morale édifiante a son public, mais aussi de l’amuser en gardant fantaisie et spontanéité;

– respecter la vraisemblance, car le théâtre, art d’imitation, ne peut pas restituer toute la vérité : « Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable / Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable » (Art poétique);

– veiller aux qualités du style et de la forme : les critères principaux sont la clarté, la diversité, la brièveté, la simplicité en même temps que la profondeur et la densité;

– séparer les genres, car l’auteur dramatique ne saurait mêler comique et tragique;

– respecter la bienséance, car il ne faut pas choquer le public par la représentation directe des meurtres, des duels ou des suicides;

– adopter la règle des trois unités (de temps, de lieu et d’action) : « Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli / Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli » (Art poétique, chant III).

→ À lire : La littérature française au XVIIe siècle : l’âge baroquel’âge classique. – La préciosité. – Le Classicisme. – Histoire et règles de la tragédie. – Les genres dramatiques. – La règle des trois unités (article détaillé). – La règle des trois unités (article simplifié).

Le XVIIIe siècle

La tragédie d’inspiration racinienne domine chez Voltaire, auteur de vingt tragédies, dont Zaïre (1732).

La comédie. Les cadres sociaux et les mœurs changent : ainsi naît la comédie de mœurs, qui réalise des portraits satiriques de l’homme contemporain. Le théâtre de Jean-François Regnard, plein d’insolence et de gaîté, illustre ce changement de perspective (Le Légataire universel, 1708). Alain-René Lesage dénonce, dans Tucaret, une société corrompue par l’argent.

▪ La comédie subit des évolutions au cours du siècle. On distingue :

la comédie moralisante avec Destouches et Nivelle de la Chaussée;

la comédie d’analyse psychologique, avec Marivaux, qui renonce à la typisation et au caractère forcé. La versification fait place à la prose (Le Jeu de l’amour et du hasard, 1730);

la comédie satirique, avec Beaumarchais (Le Barbier de Séville, 1775 ; Le Mariage de Figaro, 1784);

le drame bourgeois, avec Diderot, qui en offre la théorie dans Le Fils naturel (1757) et De la poésie dramatique (1759).

→ À lire : Le Siècle des Lumières. – La comédie. – La comédie classique en France. – Le drame. – Le drame bourgeois.

Le XIXe siècle

▪ Le théâtre romantique

– Les origines : il est préparé par le drame bourgeois du XVIIIe siècle, l’apparition du mélodrame et surtout de la tragédie historique, au début du XIXe siècle, qui fournit « une démonstration de la variété et de l’absurdité des règles ».

– Les théoriciens : Stendhal, avec Racine et Shakespeare, et Victor Hugo, avec la préface de Cromwell (1827), jettent les bases du drame romantique.

– Les auteurs : Victor Hugo (Hernani, Ruy Blas) ; Alfred de Vigny (Chatterton) ; Alfred de Musset (Lorenzaccio, On ne badine pas avec l’amour).

▪ Les autres théâtres

Après le déclin du drame romantique, aucun genre dramatique ne s’impose ; mais il y a des tendances :

La comédie de boulevard, souvent bouffonne, s’impose. Elle tire son nom des théâtres des boulevards à Paris, qui attiraient les bourgeois ; on y parle surtout d’amour. Les principaux auteurs sont Feydeau et Courteline (Messieurs les ronds de cuir);

la comédie de mœurs, genre hybride, illustré par Alexandre Dumas fils (La Dame au camélias) et par Victorien Sardou (Madame Sans-Gêne);

le théâtre naturaliste : en dépit des efforts de Zola, le mouvement ne donne pas d’œuvres remarquables sinon celles de Henry Becque (Les Corbeaux) et de Jules Renard (Le Pain de ménage);

le théâtre symboliste : il est représenté notamment par le Norvégien Ibsen ; les symbolistes ont eu l’ambition d’un théâtre total qui devait être un « prétexte au rêve ». Le premier théâtre de Paul Claudel l’illustre (Tête d’or, 1890);

le théâtre néo-romantique est incarné par Edmond Rostand (Cyrano de Bergerac et L’Aiglon).

→ À lire : Le Romantisme. – Le Naturalisme. – Le Réalisme. – Le Symbolisme. – Les genres théâtraux.

Le XXe siècle

▪ Avant la Première Guerre mondiale, domine la comédie de boulevard dont les stéréotypes correspondent aux attentes du public de la Belle Époque, qui recherche avant tout la distraction.

▪ Dans l’entre-deux-guerres, le théâtre est plus riche grâce au travail de metteurs en scène talentueux (Jacques Copeau, Georges Pitoëff, Gaston Baty et Louis Jouvet), au théâtre de boulevard (Sacha Guitry, Marcel Achard) et à la comédie satirique mordante (Jules Romains, Knock ; Marcel Pagnol, Topaze). On assiste aussi à la montée d’un théâtre aux dimensions aussi bien politiques qu’oniriques, représenté par Jean Giraudoux (La guerre de Troie n’aura pas lieu, Ondine).

▪ Après la Seconde Guerre mondiale, le théâtre est très novateur :

– le rôle des metteurs en scène reste fondamental (Jean Vilar et Jean-Louis Barrault);

le théâtre des philosophes brille durant les années 1940-1950 avec Albert Camus (Le Malentendu, Caligula) ; Jean-Paul Sartre (Les Mouches, Huis clos, Les Mains sales);

– le nouveau théâtre s’impose ensuite, marqué par une remise en cause des formes dramatiques traditionnelles (dont le théoricien est, en partie, Antonin Artaud, dans Le Théâtre et son double);

Eugène Ionesco, Adamov et Samuel Beckett inventent un théâtre de l’absurde qui démantèle le langage dramatique. Bertold Brecht fait appel à l’esprit critique du spectateur : il met en scène des faits quotidiens et prosaïques que l’acteur n’interprète pas, au sens traditionnel du terme, mais rapporte, mettant une distance entre lui et son personnage.

→ À lire : Le théâtre de l’absurde.

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