Les mythes de la nuit

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Présentation

🌃 Les mythes de la nuit désignent l’ensemble des légendes et croyances rattachées à la période nocturne.

Source de profonde inquiétude pour de nombreux peuples anciens effrayés à l’idée d’une disparition définitive du soleil, la nuit est associée au néant dans un grand nombre de croyances et continue au fil des siècles à être liée à la crainte de l’inconnu et au mystère.

→ À lire également : Les mythes de la création. – Les mythes des enfers. – Les mythes de la fin du monde. – Les mythes du déluge. – Les mythes de la nuit. – Les mythes de la Lune. – Les mythes du Soleil. – Les mythes de la mer. – Les mythes des eaux douces.

Les divinités de la nuit

L’appréhension provoquée par la nuit, perçue comme une source de dangers, se traduit dans l’ensemble des mythes antiques. Ainsi, pour les anciens Égyptiens, le dieu-Soleil Rê s’engouffre chaque soir dans un monde souterrain, le Royaume des Morts, pour y affronter des forces maléfiques — notamment le serpent Apopis —, qui cherchent à faire sombrer sa barque. Le lever de l’astre solaire chaque matin clame le triomphe du dieu sur les multiples périls incarnés par la nuit.

Dans la mythologie grecque, la Nuit est, selon Hésiode, l’une des premières divinités apparues lors de la création du monde. Également connue sous le nom de Nyx, elle est fille de Chaos et représente la personnification de l’obscurité primordiale. Inspirant la crainte, elle est la mère de nombreux personnages sinistres, à l’image de Moros, le Sort, et de Thanatos, la Mort, frère jumeau d’Hypnos, le Sommeil. Selon Hésiode, elle est aussi la mère des terribles Moires, qui président aux destinées humaines — établissant notamment la longueur de chaque vie —, et, selon Eschyle, mère des Érinyes, divinités vengeresses qui punissent tous ceux qui font le mal.

Dans les croyances toltèques et aztèques, le dieu de la Nuit, Tezcatlipoca, possède lui aussi une dimension négative : également dieu de la Guerre, il affronte continuellement son frère Quetzalcoatl, divinité associée à la vie, la sagesse et la fertilité.

Sur la nuit règne également la Lune, associée à des divinités majeures dans de nombreuses cultures, comme le dieu Thot dans l’Égypte antique, les déesses Séléné pour les anciens Grecs, Quilla pour les Incas ou Mawu pour le peuple Fon du Bénin. Cependant, l’astre lunaire, associé à la lumière, est de façon générale paré de vertus positives ; incarnant souvent un principe féminin, il est rattaché, dans diverses croyances, aux questions de fécondité. Toutefois, une divinité lunaire, la déesse grecque Hécate, est une figure maléfique ; reliée non à la clarté de l’astre mais à l’obscurité nocturne, elle parcourt la terre, les nuits sans Lune, accompagnée d’une meute de chiens fantomatiques et hurlants. Elle est aussi rattachée au monde des Enfers et supposée commander aux esprits mauvais.

Le voyage nocturne de Rê

Le voyage nocturne de Rê
Dieu du Soleil et créateur des neuf divinités primordiales, Rê parcourt chaque jour le ciel d’Égypte dans sa barque. À la nuit tombée, il gagne le monde inférieur, où il doit combattre le monstrueux serpent Apopis, afin de pouvoir renaître le lendemain. Chaque matin, le lever du Soleil clame ainsi, pour les anciens Égyptiens, la défaite des forces maléfiques incarnées par la nuit.
« Le voyage du dieu solaire Rê », détail de l’intérieur d’un sarcophage égyptien de la XXIe dynastie (1075-945, 3e période intermédiaire, Basse Époque). Plâtre et bois peint. Fitzwilliam Museum, Cambridge (Royaume-Uni).
Fitzwilliam Museum, University of Cambridge/Bridgeman Art Library, London/New York.

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Sommeil, mort, dissimulation

Alors que le jour et, par association, la lumière et le Soleil sont parés de valeurs positives en raison notamment de leur influence bénéfique sur la végétation et les cultures, la nuit est au contraire associée aux saisons où la nature est inactive et, par extension, à la mort. Le sommeil, espace où l’homme ressent fortement les menaces de l’inconnu, voisine lui aussi avec l’idée de la mort. On retrouve notamment ce lien dans les croyances grecques, qui font du Sommeil (Hypnos) et de la Mort (Thanatos) les enfants de la Nuit. Des divinités peuvent cependant apporter un soutien bienvenu, à l’exemple du génie Bès qui, dans l’Égypte antique, est celui qui tient à distance les esprits maléfiques susceptibles de venir troubler la quiétude du dormeur. De plus, rêves et cauchemars sont généralement redoutés car ils revêtent parfois pour le dormeur la forme de présages. De façon générale, la notion d’obscurité revêt, dans toutes les cultures, une connotation négative. Ainsi dans le récit de la Genèse, Dieu prend soin de faire apparaître la lumière dès le premier jour de la Création et, la jugeant bonne, de la séparer des ténèbres, créant ainsi la nuit et le jour. La nuit incarne ainsi un domaine que ne viennent baigner ni la lumière de la connaissance ni celle de la grâce divine.

Également propice à la dissimulation et au secret, la nuit est le moment durant lequel Pénélope défait son ouvrage pour retarder le moment de choisir un nouvel époux durant l’absence d’Ulysse. La période nocturne est également associée à la trahison, comme l’évoque l’épisode du Cheval de Troie ou la légende de Psyché, qui profite de la nuit pour tromper la confiance de Cupidon et découvrir le vrai visage de ce dernier. Même si elle est évoquée fréquemment dans les mythes se rapportant aux amours des dieux, la nuit est souvent associée dans ce cas à une certaine dimension dramatique, comme le montre la légende évoquant la belle Séléné, déesse grecque de la Lune, qui chaque nuit vient contempler son amant, le mortel Endymion, plongé dans un sommeil éternel.

Créatures de la nuit

🌕 Dans les croyances populaires, la nuit est l’espace où s’expriment des peurs de toutes sortes, profondément ancrées dans l’inconscient et l’imaginaire collectifs. La dimension mystérieuse et maléfique associée à ce moment particulier se matérialise notamment dans les croyances reliées à la sorcellerie. La nuit, qui depuis des temps très reculés est le théâtre de nombre de célébrations païennes, est en effet à partir du Moyen Âge associée aux sabbats, grandes assemblées nocturnes de sorcières réunies dans le but d’adorer le Diable. La nuit est alors ainsi directement associée au Mal et à l’expression de toutes sortes d’excès, voire de crimes. Plus généralement, elle se trouve peuplée, dans les croyances populaires, d’un nombre considérable de créatures malfaisantes, dont il est probable que l’invention ait été favorisée à la fois par la crainte de l’obscurité nocturne et celle de l’abandon qu’entraîne le sommeil : le croque-mitaine dévoreur d’enfants dont la venue n’intervient qu’après la tombée du jour, les fantômes, qui symbolisent la proximité dans l’imaginaire de la nuit et de la mort, les lutins, les goules, créatures femelles vampiriques des contes orientaux, et les vampires, mais aussi, dans toutes les cultures, des esprits malfaisants de toute sorte. Les ténèbres sont également, dans les traditions liées aux grands monothéismes (judaïsme, christianisme, islam), le royaume des démons, tels Lilith qui, dans les croyances populaires juives, erre la nuit pour tourmenter les personnes qui dorment seules, ou les incubes et les succubes, créatures diaboliques qui, à la faveur de la nuit, prennent l’apparence des humains pour abuser sexuellement d’eux. Citons également, dans la mythologie et les croyances populaires japonaises, les cortèges nocturnes de créatures étranges, esprits, animaux surnaturels, démons, connus sous le nom générique de yôkaï, parmi lesquels figurent les tsukumo (« génies des choses anciennes »), esprits issus des objets ayant atteint l’âge de 100 ans et qui jouent des tours aux hommes.

Les mythes de la nuit, surtout dans l’Occident médiéval, parent la plupart des animaux nocturnes de vertus maléfiques, de la capacité de représenter un mauvais présage, voire en font des incarnations des démons ou du diable lui-même, à l’exemple, parmi les plus emblématiques, du chat noir et de la chouette, associés aux sorcières, ou de la chauve souris, rattachée aux vampires. Les liens existant entre nuit et animaux de toutes sortes sont communs à de nombreuses cultures. Ainsi, dans la mythologie chinoise, Nian, une bête féroce, vient tourmenter les hommes durant la nuit tandis que dans les croyances des Dogons du Mali, Yurugu, le renard pâle qui incarne la connaissance, ne peut agir qu’une fois la nuit venue.

La nuit, lieu d’expression privilégié des phénomènes surnaturels, non rationnels, peut aussi mettre en évidence l’ambivalence des êtres en révélant leur face sombre, comme le symbolisent les récits ayant trait aux loups-garous, hommes se transformant en loups à la faveur de la pleine lune ou, en littérature, l’histoire du Dr Jekyll et de Mr Hyde imaginée par Robert-Louis Stevenson.

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