Le pastiche

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Le pastiche

Il n’y a pas « pastiche » comme tu dis, […] il y a continuation. Et je crois que c’est un coup de génie d’avoir ainsi retrouvé le primitif sous le placage moderne .

  (Jacques Rivière, Correspondance [avec Alain-Fournier], 1906, p. 312)

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Qu’est-ce que le pastiche ?

Le pastiche est l’imitation minutieuse du style d’un écrivain, reproduisant les formes et les contours de ses phrases, comme la pâte d’un moule reproduit un modèle. Buffon a dit avec raison que « le style ne peut ni se transporter, ni s’altérer ». Aussi n’y a-t-il rien de plus vain que de chercher à se donner le style d’un auteur connu en copiant sa manière et ses tours : c’est le moyen de n’être jamais soi-même, de ne jamais avoir une personnalité.

Le pastiche est donc une imitation, en forme d’exercice de style, d’un article par un autre. Ni citation (emprunt référencé) ni plagiat (emprunt imitatif non signalé comme tel et signé du plagiaire), le pastiche s’oppose encore à la parodie, en ce qu’il est une œuvre imitant la manière ou le style d’une œuvre antérieure, en principe sans intention satirique.

→ À lire : La parodie.

Le mot (de l’italien pasticcio, « échec », « situation inextricable », « pâté » en cuisine) est d’abord employé en mauvaise part au XVIIe siècle à propos de la peinture. Méthode ensuite utilisée par les professeurs de rhétorique pour la formation à l’écriture, le pastiche est aussi le moyen pour un écrivain de s’affirmer face à un autre en reprenant les procédés de celui-ci sans en être dupe, rendant ainsi hommage à l’original tout en valorisant son propre talent.

Dans ses neuf pastiches publiés dans Le Figaro entre 1904 et 1909, Marcel Proust s’est plu à raconter un fait d’actualité, l’affaire Lemoine, « à la manière de » Sainte-Beuve, Honoré de Balzac, Ernest Renan, François de Chateaubriand, Michelet, Saint-Simon, des frères Goncourt et de Gustave Flaubert. Il se conformait à une pratique alors en vogue dans les milieux mondains – signe, pour certains, de l’inquiétude d’une culture consciente de sa décadence -, mais l’envisageait comme un exercice d’apprentissage, une forme de critique littéraire, et non comme une fin en soi.

Ce genre de pastiche peut être amusant et devenir une excellente satire des auteurs imités. Nicolas Boileau, dans deux lettres, a fait le pastiche du style d’Honoré de Balzac et de celui du style de Voltaire. Pour ce motif, il n’y a pas d’écrivains plus faciles à  contrefaire que les chefs d’école. On peut leur présenter à eux-mêmes, par mystification, une imitation de leurs procédés qui aille jusqu’à la charge, et être sûr qu’ils y applaudiront comme à l’heureuse tentative d’un fidèle disciple. D’ingénieux pastiches d’un certain nombre d’écrivains contemporains ont été faits par Louis Lemercier de Neuville (Pastiches critiques des auteurs contemporains, 1856) et par l’auteur anonyme du Parnassiculet contemporain (1867).

💡 Le Parnassiculet contemporain
Recueil de vers nouveaux, précédé de L’Hôtel du Dragon-Bleu. Le Parnassiculet contemporain, ouvrage anonyme, attribué à Paul Arène, Charles Bataille, Jehan du Boys, Alphonse Daudet, Alfred Delvau, Gustave Mathieu et Charles Monselet, a paru en 1866, 1872 et 1876. Ce livre n’est qu’une parodie du Parnasse contemporain (lire la note ci-dessous) dont les auteurs sont appelés « des Turcs attardés qui ont oublié, ou qui ne savent peut-être point, que le carnaval romantique est clos depuis trente ans. »
L’éditeur de ce livre, « étant de ceux qui pensent qu’il n’y a pas de petit détail et que tout importe en matière littéraire, a voulu initier le public aux multiples incidents de la parturition de la montagne parnassienne. D’où ce chapitre liminaire intitulé : l’Hôtel du Dragon-bleu, où l’on retrouvera un écho de certain chapitre des Jeune France de Théophile Gautier, comme on retrouve dans le gros volume en question un reflet de la littérature abracadabrante de cette époque, déjà si loin de nous, qui se croyait une Renaissance et qui, par certains côtés qu’on voudrait remettre à la mode, ne fut qu’une Descente de la Courtille littéraire. Les poètes dont on lira tout à l’heure des pastiches, si heureux qu’ils pourraient faire partie de leur propre volume, sont des turcs attardés qui ont oublié, ou qui ne savent peut-être pas, que le Carnaval romantique est clos depuis trente ans. »

💡 Le Parnasse contemporain
Le Parnasse contemporain se compose de trois volumes collectifs de poésie, publiés en 1866, 1871 et 1876 par l’éditeur Alphonse Lemerre, auxquels participèrent une centaine de poètes, notamment : Leconte de Lisle, Théodore de Banville, José-Maria de Heredia, Théophile Gautier, Catulle Mendès, Charles Baudelaire, Sully Prudhomme, Stéphane Mallarmé, François Coppée, Charles Cros, Léon Dierx, Louis Ménard, Paul Verlaine, Villiers de L’Isle-Adam et Anatole France.
Le mouvement littéraire « parnassien » lui doit son nom.

💡 Louis Lemercier de Neuville
Louis Lemercier, dit Louis Lemercier de Neuville ou La Haudussière, né à Laval, le 2 juillet 1830 – mort à Nice, le 10 juin 1918, est un marionnettiste, journaliste, chroniqueur, auteur dramatique et conteur français. Il est le créateur du Théâtre de Pupazzi français.

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Pastiche, selon le dictionnaire

Le pastiche (n.m.) est une œuvre artistique ou littéraire dans laquelle l’auteur imite en partie ou totalement l’oeuvre d’un maître ou d’un artiste en renom par exercice, par jeu ou dans une intention parodique. Synonymes : copie, imitation, parodie. Par métonymie, le pastiche est une imitation ou évocation du style d’un écrivain, d’un artiste ou d’une école sans qu’il y ait reproduction d’une oeuvre particulière. Et par extension, il s’agit d’un ouvrage d’imitation ; d’une imitation du style d’une époque ou d’un genre.

Dans l’histoire de la musique, le pastiche est un opéra dans lequel on a réuni des morceaux de musique pris dans différents ouvrages et ajustés tant bien que mal à un nouveau poème.

Nous retrouvons dans le dictionnaire le verbe pasticher qui signifie : imiter la manière, le style d’un artiste ou d’un écrivain. Et dans l’absolu, ce verbe veut dire : pratiquer le pastiche; faire un pastiche.

De plus, il y a les mots :

  • pasticherie, n. f., impliquant un ouvrage d’imitation (emploi péjoratif) ;
  • pasticheur, n. m., désignant un auteur de pastiches. Péjorativement, c’est un artiste ou un écrivain dépourvu d’originalité ; un imitateur.

Source : TLFi.

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