Le pronom indéfini « on / l’on »

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Le pronom indéfini « on / l’on »

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Définition 

On est un pronom personnel indéfini de la troisième personne, invariable, exprimant l’idée d’animé humain et fonctionnant toujours comme sujet. Il est dérivé du latin homo, homme. On a employé autrefois, dans un sens absolu et indéterminé, les formes hom, hum, hons, um, om, on, etc.

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« On » désigne un sujet animé indéfini

Dans un contexte de généralité, souvent combiné avec un présent révélé lui-même par une conjonction de temps, le pronom indéfini on désigne un sujet animé indéfini.

● Dans l’énoncé de vérités d’expérience ou générales, considérées comme universelles, c’est-à-dire vraies pour n’importe qui.
Exemple : On a souvent besoin d’un plus petit que soi. (Jean de La Fontaine)

 Dans des énoncés que l’on veut de portée générale, bien qu’ils ne s’appliquent qu’à des objets particuliers ou dans des circonstances déterminées.
Exemple : Si l’on m’insulte, je mets mon homme à bas, personne ne tire aussi bien le pistolet et l’épée que votre serviteur. On le sait ! (Honoré de BalzacGobseck, 1830).

● On se rencontre également dans les allusions à une vérité d’expérience soit dans une proposition interrogative ou comparative, soit dans une proposition relative.
Exemples : Françoise qu’il aimait, du reste, malgré cela, comme on peut aimer la personne qu’on est content de faire rager tous les jours en la battant aux dominos. (Marcel ProustLe Temps retrouvé, 1922) — Comment montrer de la défiance vis-à-vis d’un charmant garçon dont on est devenu l’ami ? (Émile ZolaL’Argent, 1891).

● Parfois la généralisation évoquée par l’énoncé s’opère à partir de cas particuliers qui peuvent transparaître si nettement que l’on reconnaît derrière on : un « je » ; un « nous » ; un « tu » ou un « vous » ; une 3e personne déterminée.

  • un « je » : Et puis, elle souffrait beaucoup par ses relations avec ses fils ; et elle disait : on les a soignés, entourés, quand ils étaient tout petits, et puis plus tard ils ne peuvent pas écrire à leur mère, parce que cela ne serait pas convenable pour le père. (Maurice Barrès, Cahiers, t.3, 1902)
  • un « nous » : C’est dommage, qu’on ne puisse pas avoir le gaz ici : nous sommes trop loin de Saint-Pierre. (Daniel-Rops, Mort, où ta victoire ? 1934)
  • un « tu » ou un « vous » : Violaine : Tout beau, maître Pierre ! Est-ce ainsi qu’on décampe de la maison comme un voleur sans saluer honnêtement les dames ? (Paul ClaudelL’Annonce faite à Marie, 1912)
  • une 3e personne déterminée : Voici sept ou huit fois que je vous envoie chez mon avoué, depuis quinze jours, et il n’est pas venu ? Croyez-vous que l’on puisse se jouer de moi ? (Honoré de BalzacGobseck, 1830)

● On peut être employé dans les descriptions auxquelles le présent ou l’imparfait confère une certaine généralité.
Exemple : Complètement dénudés par la dernière tempête, tous les arbres qu’on voyait de la fenêtre se projetaient contre ces nuages dans l’immobile minutie d’une photographie. (Joseph Malègue, Augustin, t.2, 1933)

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● On appartient à certaines locutions plus ou moins figées comme on ne peut mieux ; on ne sait oùon ne sait d’où ; on ne sait pourquoi ; sait-on jamais ? ; comme on dit ; on ne peut plus.
Exemples : Un jour, par hasard, il [Gobseck] portait de l’or ; un double napoléon se fit jour, on ne sait comment, à travers son gousset. (Honoré de BalzacGobseck, 1830) — Les fromages les plus frais ne sont pas nécessairement les plus naïfs. Il y en a qui sont, dès l’égouttoir, dès le lait, si l’on peut dire, touchés, hantés par une effervescence démoniaque. (Georges Duhamel, Cécile parmi nous, 1938)

« On » indique que le sujet est un animé humain

En dehors de tout contexte de généralité, le pronom indéfini indique que le sujet est un animé humain ce qui signifie que la vérité de la proposition est indépendante des particularités que, dans la réalité, les êtres désignés peuvent présenter.

● On est sujet grammatical et ne correspond à aucun être précis.
Exemples : On est prié de ne pas fumer = prière de ne pas fumer. — On le traite d’infâme = il est traité d’infâme. — On frappe. — On pose un triangle ABC

● On qui n’exprime que la notion d’agent animé, se rencontre souvent avec les verbes de perception, avec les verbes de jugement et dans certains contexte (les indications scéniques ; les recettes de cuisine ; pour les pratiques codifiées, notamment les règles de jeux ; les définitions et les appellations ; les énoncés de problèmes).
Exemples : La sauce peut être servie froide : on additionne alors le court-bouillon de gélatine, afin d’obtenir une gelée limpide dans laquelle on introduit la julienne préalablement cuite à l’eau bouillante. On ajoute câpres, piments et cornichons avant de napper le poisson, refroidi dans son court-bouillon. — On considère le triangle dont les supports des côtés ont pour équations respectives : x = 2, y = 1, x + y = 1.

● On correspond à un sujet indéterminé.
Exemple : Gabrielle : Sois tranquille ! On ne le fera pas entrer dans mon boudoir. (Henri Bernstein, Le Secret, 1913)

● Lorsqu’il s’agit d’un groupe plus ou moins indéterminé, on désigne alors une « pluralité indéterminée ».
Exemple : Pardon, Monsieur, voilà deux heures qu’on appelle de Zurich. Ils demandent une réponse. (Albert CamusUn Cas intéressant, 1955)

⚠ Remarques ⚠
1. Les emplois sont à rapprocher des formes substantives on-ditqu’en dira-t-on.
2. À la limite, on peut désigner aussi « tous les hommes » ou « les hommes d’une certaine époque ». Dans ce cas,nous peut servir de régime à on.
Exemples : On réclame d’abord le bonheur à la vie. Elle nous le doit. (Jacques Chardonne, L’Épithalame, 1921)
3. Dans une phrase négative, on se rapproche du pronom indéfini personne ; on marque l’indifférence quant à la nature particulière du sujet, la négation portant uniquement sur le verbe. Depuis bien des années déjà. Le fils est parti et l’on ne sait plus où il est (Paul Claudel, Sagesse, 1939, 1ère partie, p.1107).

« On » se substitue à n’importe quel pronom personnel

 On peut se substituer à n’importe quel pronom personnel de l’animé, même si, dans la pensée, la personne est parfaitement déterminée.

● On mis pour jeJe s’efface par discrétion, par pudeur, derrière l’indéfinition de on, en particulier, dans le on dit « de modestie ». De plus, la généralité de on révèle le sentiment qu’a le je de son importance : on dit « de vanité ».
Exemple : Amalric : Alors ne la faites pas. Croyez-moi ! Je vous aime bien, Mesa. Oh ! comme on l’aime, son petit Mesa ! (Paul ClaudelPartage de midi,1949)

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● On mis pour tu ou vous. Employé par discrétion, on esquive la difficulté du tutoiement ou du vouvoiement. Le pronom on peut aussi ajouter une nuance de dédain, de supériorité ou du moins de familiarité.
Exemple : Alors ? On donne des coups de pied en vache comme une femme ? (Jean-Paul SartreLa Mort dans l’âme, 1949)
→ À lire : Tutoyer ou vouvoyer ?

● On mis pour une 3e personne déterminée par pudeur ou par réserve, par discrétion réelle ou feinte ; ou avec une nuance ironique, voire de dédain.
Exemple : [Le médecin] porte des ongles sales… Tandis qu’il trottine à ses malades, elle [sa femme] reste à ravauder des chaussettes. Et on s’ennuie ! (Gustave FlaubertMadame Bovary, t.1, 1857)

⚠ Remarque ⚠
Il arrive, comme en français classique, que plusieurs on renvoient à des personnes différentes.
Exemple : On verra qu’on n’a pas toujours résisté à cette double tentation… [Le premier on désigne le lecteur, le second l’auteur]

On = la 1ère personne du pluriel

Dans la langue parlée, on remplace souvent, sans effet stylistique particulier, la 1ère personne du pluriel.
Exemples : Qu’est-ce qu’on fait cet après-midi ? = Que faisons-nous cet après-midi ? — Nous partîmes pour la gendarmerie de Sceaux, où il devait me mettre aux mains des gendarmes. Mais en route, on causa. (Jules VallèsLe Réfractaire, 1865)

Observations diverses sur « on »

 ● On est essentiellement masculin et singulier.
Exemples : Quand on vit seul, on ne sait même plus ce que c’est que raconter : le vraisemblable disparaît en même temps que les amis. (Jean-Paul SartreLa Nausée, 1938) — Sans compter que tous ces salauds-là, on leur donne un doigt et ils vous bouffent la tête. (Albert CamusRévolte dans les Asturies, 1936)

 Quand on s’applique spécialement à une femme, l’adjectif qui le qualifie prend le genre féminin.
Exemples : Ce qui ne plaît qu’aux yeux en un instant s’oublie, / Le charme dure peu quand on n’est que jolie. (Gosse) — Elle était dans l’âge où on n’est plus jolie, mais où on est encore belle. (Jean-François Marmontel)

● Quand le pronom indéfini on sert à désigner plusieurs individus, l’adjectif qui s’y rapporte se met au pluriel, et prend le genre des personnes que le pronom représente.
Exemples : Quand on est jeunesriches et jolies comme vous, Mesdames, on n’en est pas réduites à l’artifice. (Denis Diderot) — Le commencement et le déclin de l’amour se font sentir par l’embarras où l’on est de se trouver seuls. (Jean de La Bruyère)

● S’il faut en croire la plupart des grammairiens, c’est une faute d’employer l’on au commencement d’une phrase. Cependant, presque tous les alinéas commencent par cette forme.
Exemple : L’on voit des hommes tomber d’une haute fortune par les mêmes défauts qui les y avaient fait monter. L’on craint la vieillesse que l’on n’est pas sûr de pouvoir atteindre. L’on est plus sociable et d’un meilleur commerce par le cœur que par l’esprit. (Jean de La Bruyère)

● L’euphonie exige qu’on fasse usage de l’on après certains monosyllabes, et principalement après etsiou, quand le pronom n’est pas immédiatement suivi de le, la, les, leur. La tournure l’on (au Moyen Âge « les hommes »), s’emploie encore, dans la langue écrite, pour éviter un hiatus, une cacophonie.
Exemples : On passe sur l’honnête, et l’on songe à l’utile. (Destouches) — Partout on a disséqué l’homme, Et L’on ne nous montre plus que son cadavre. Ainsi le plus digne objet de la création a été dégradé par notre savoir comme le reste de la nature. (Bernardin de Saint-Pierre) — Il y a autant de vices qui viennent de ce qu’on ne s’estime pas assez, que de ce que l’on s’estime trop. (Montesquieu)

● L’on est fréquent après que (surtout le quepronom relatif), en particulier quand la syllabe initiale du mot suivant est con– ou com-.
Exemple : Car on avait dans cette maison tellement peu de personnalité que l’on conservait en bonne place tous les objets qui vous avaient été offerts. (Henry de Montherlant, Les Lépreuses, 1939).

● Mais on écrira sans la lettre l, pour éviter une rencontre de sons désagréables.
Exemples : On célèbre la mort du cerf par des fanfares ; on le laisse fouler aux chiens, et on les fait jouir pleinement de leur victoire en leur faisant curée. (Buffon)
→ À lire : L’euphonie et les lettres euphoniques.

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