Les figures de style

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Rhétorique et style

Les figures de style

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Introduction

La rhétorique est à la fois la science (au sens d’étude structurée) et l’art (au sens de pratique reposant sur un savoir éprouvé) qui se rapporte à l’action du discours sur les esprits. Par principe, la rhétorique s’occupe de l’oral, mais il est évident qu’elle s’est très tôt intéressée aussi au discours écrit, dans la mesure où celui-ci est, de manière plus ou moins étroite, une transcription ou une mimésis de l’oral. Bref, dans une acception générale la rhétorique est l’art de bien parler. De façon plus précise, c’est l’ensemble des moyens d’expression propres à persuader ou à émouvoir.

Les figures de rhétorique sont des procédés spécifiques utilisés pour convaincre, séduire, impressionner, transmettre une vision du monde. Ces figures ont été classées suivant leur construction et suivant l’effet qu’elles visent à atteindre. Ainsi, un classement courant les répartit en figures de l’analogie, de la substitution, de l’opposition, de l’amplification, de l’atténuation et de la construction.

→ À lire : La rhétorique. – Les figures de rhétorique.
📝 Exercice : Testez vos connaissances sur les figures de style !

Les figures de l’analogie
La comparaison

Elle établit un rapprochement entre deux termes (le comparé et le comparant), à partir d’un élément qui leur est commun. Trois éléments sont nécessaires dans l’énoncé : le comparé, l’outil (ou terme) de comparaison et le comparant. Cependant, on peut y ajouter le point commun :

  • le comparé qui est la réalité ;
  • le comparant, l’élément qui fait image ;
  • l’outil de comparaison (comme, pareil à, tel que, ressembler à, plus… que, etc.).

Exemple : La lampe brille comme une étoile.

La lampe
brille
comme
une étoile
le comparé
le point commun
l’outil de comparaison
le comparant
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La comparaison a une double valeur :

  • elle explique par une image ;
  • elle met en relation deux univers.
La métaphore

 Elle établit une assimilation entre deux termes. Une métaphore peut être annoncée, directe ou filée :

● Dans la métaphore annoncée, le comparé et le comparant sont rassemblés dans un même énoncé sans terme de comparaison.
Exemple : Un gros serpent de fumée noire. (Guy de Maupassant)

Un gros serpent
de
fumée noire
le comparant
le comparé

● Dans la métaphore directe, seul le comparant est exprimé.
Exemple : Une étoile brille derrière une vitre.

● La métaphore filée est une suite de métaphores sur le même thème.
Exemple : Quel démon a doté la mer, rauque chanteuse / Qu’accompagne l’immense orgue des vents grondeurs, / De cette fonction sublime de berceuse? (Charles Baudelaire)

● Comme la comparaison, la métaphore a une valeur d’illustration. La correspondance qu’elle établit entre deux objets, deux sensations, deux idées va jusqu’à l’identité. La métaphore du « serpent » précise la forme de la fumée. Mais, bien plus, la fumée devient serpent, ce qui lui donne une connotation inquiétante. La métaphore est une métamorphose.

● Les clichés sont des métaphores passées dans le langage courant.
Exemple : Être à cheval sur les principes.

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L’allégorie

Elle représente de façon imagée (par des éléments descriptifs ou narratifs) les divers aspects d’une idée, qu’elle rend moins abstraite.
Exemple : L’Angleterre est un vaisseau. Notre île en a la forme : la proue tournée au Nord, elle est comme à l’ancre au milieu des mers, surveillant le continent. (Alfred de Vigny)
Dans cet extrait de Chatterton, la domination de l’Angleterre sur les mers est rendue sensible par l’allégorie du vaisseau.

La personnification

Elle représente une chose ou une idée sous les traits d’une personne.
Exemple : Vivez, froide Nature, et revivez sans cesse. (Alfred de Vigny)
La personnification de la nature accentue sa dureté envers l’homme faible et éphémère.

Les figures de la substitution

► Ce sont des figures qui comportent deux termes qui peuvent se substituer l’un à l’autre.

La métonymie

C’est un procédé de symbolisation qui permet une concentration de l’énoncé. On ne nomme pas l’être ou l’objet mais on utilise un autre nom qui lui est proche parce qu’il s’agit de son contenant, sa cause… Les deux termes y entretiennent des relations de proximité :

  • contenant / contenu
    Exemple : C’est un émissaire du Vatican = un émissaire du pape.
  • Effet / cause
    Exemple Socrate a bu la mort = le verre de poison qui le fera mourir.
  • origine / objet
    Exemple Fumer des havanes = des cigares qui viennent de La Havane.
  • instrument / utilisation
    Exemple : C’est une bonne raquette = un bon joueur de tennis.
    symbole / réalité
    Exemple : C’est l’alliance de la faucille et du marteau = des paysans et des ouvriers.
La synecdoque

Figure proche de la métonymie : les mots y sont liés par une relation d’inclusion (la partie pour le tout, la matière pour l’objet) :
Exemples : Voici venir la saison des roses pour désigner l’été.
Les voiles au loin descendent vers Harfleur. (Victor Hugo) [ voiles = navires ]

La périphrase

● Elle consiste en ce que l’on désigne des objets non par leur dénomination habituelle, mais par un tour plus compliqué, généralement plus noble, présentant l’objet sous une qualité particulière. C’est tout l’environnement culturel qui fait traduire.

● Elle explicite le contenu d’un terme, attire l’attention sur une qualité du terme remplacé.
Exemple : Le pays des Cèdres (pour parler du Liban). Le roi de son cœur (pour dire que c’est son amant).

L’antonomase

L’antonomase est une variété de métonymie-synecdoque. Le cas le plus simple apparaît dans des phrases comme Napoléon est le stratège, ou X est vraiment pour nous le poète ; ce qui veut dire « le type même ou le plus grand » des stratèges ou des poètes. Il y a à la fois sélection de l’attribut essentiel et choix de la valeur d’excellence d’un individu parmi tous ceux de la série.

Les figures de l’opposition

► Ce sont des figures qui comportent deux termes qui peuvent se substituer l’un à l’autre.

L’antithèse

Elle oppose très fortement deux termes ou deux ensembles de termes.
Exemple : Un noble, s’il vit chez lui dans sa province, il vit libre mais sans appui; s’il vit à la cour, il est protégé mais il est esclave. (Jean de La Bruyère)
L’antithèse oppose vigoureusement la vie du noble en province et sa vie à la cour.

L’antiphrase

Elle exprime une idée par son contraire dans une intention ironique.
Exemple : Quel courage ! (peut en fait dénoncer la lâcheté de quelqu’un).

L’oxymore

C’est la réunion surprenante dans une même expression de deux termes contradictoires. L’oxymore sert de support éventuel à l’antithèse.
Exemple : Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. (Pierre Corneille)
Il y a bien sûr contradiction entre les valeurs sémantiques essentielles d’obscur et de clarté.

Le chiasme

Le chiasme joue sur au minimum quatre termes. Ces termes d’une double formulation y sont inversés AB / B’A’.
Exemple :
Et ce champ me faisait un effet singulier ;
Des cadavres dessous et dessus des fantômes ;
Quelques hameaux flambaient : au loin brûlaient les chaumes. (Victor Hugo)

A
Des cadavres
B
dessous
et
B’
dessus
A’
des fantômes

Le chiasme, dans cet exemple, rapproche des termes (B/B’) ou renforce l’opposition.

→ À lire : Les effets de symétrie et d’opposition.

Les figures de l’amplification

► Ce sont l’hyperbole, l’anaphore, la gradation, la répétition, l’accumulation et la paronomase.

L’hyperbole

Elle amplifie les termes d’un énoncé afin de mettre en valeur un objet ou une idée. Elle procède donc de l’exagération et de l’emphase. On la trouve souvent dans des textes épiques.
Exemple : Dans des ruisseaux de sang Troie ardente plongée. (Jean Racine)
L’image hyperbolique donne une dimension épique aux horreurs de la guerre.

L’anaphore

Procédé d’amplification rythmique. Elle consiste à reprendre plusieurs fois le même mot en tête de vers successifs ou de phrases.
Exemple :
Il n’y a pas d’amour qui ne soit à douleur
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit meurtri
Il n’y a pas d’amour dont on ne soit flétri. (Louis Aragon)
L’anaphore amplifie dans ces vers le sentiment tragique de l’amour déchiré.

La gradation

Elle ordonne les termes d’un énoncé selon une progression croissante ou décroissante.
Ainsi, de son nez que Cyrano décrit en ces termes :
C’est un roc, c’est un pic, c’est un cap.
Qui dis-je c’est un cap, c’est une péninsule. (Edmond Rostand)

La répétition

On répète plusieurs fois le même mot.
Exemple : Oh ! Cèdres du Liban, cèdres de nos délires, / Cèdres de notre extase et de notre fierté. (Charles Corm).
→ À lire : Les effets de répétition.

L’accumulation

On fait succéder plusieurs termes soit pour approfondir la pensée, soit pour l’enrichir ou l’agrandir.
Exemple : Devant eux, sur de petites tables carrées ou rondes, des verres contenaient des liquides rouges, jaunes, verts, bruns, de toutes les nuances. (Guy de Maupassant, Bel-Ami).
→ À lire : Les effets d’accumulation.

La paronomase

Elle consiste à employer dans le même segment des termes (deux au moins) de sens différents et de parenté phonique, de manière à créer un effet assez saisissant.
Exemple : Pâles membres de perle, et ces cheveux soyeux. (Paul Valéry)
Entre pâles et perle, on a plus le sentiment de l’identité que celui de la différence, ce qui aboutit à y ressortir une sorte de répétition.

Les figures de l’atténuation

► Ce sont la litote et l’euphémisme.

La litote

C’est une figure qui exprime le plus de sens en disant le moins de mot, souvent à la forme négative.
Exemple : Va, je ne te hais point ainsi dit Chimène dans Le Cid (Pierre Corneille) à Rodrigue pour donner à entendre qu’elle l’aime envers et contre tout.
La litote permet implicitement d’exprimer beaucoup plus qu’il n’est dit.

L’euphémisme

Il atténue l’expression d’une idée ou d’un sentiment, souvent pour en voiler le caractère déplaisant.
Exemple : On dira « rendre le dernier soupir » pour éviter le mot mourir.

Les figures de la construction

► Ce sont le parallélisme, l’ellipse, l’anacoluthe, l’asyndète et l’interrogation oratoire.

Le parallélisme

On utilise une syntaxe semblable pour deux énoncés pour rythmer la phrase ou pour orner le discours. Le parallélisme peut être rapproché de la comparaison car on compare, généralement, deux objets en les approchant l’un de l’autre pour mieux faire sentir leur valeur relative, leurs rapports, leurs oppositions…
Exemple : Que la vie est belle ! Que la nature est tendre !

L’ellipse

Ce mot signifie « omission ». On supprime des termes qui cependant peuvent se deviner.
Exemple : je t’aimais inconstant, qu’aurais-je fait fidèle ? (Jean Racine). […qu’aurais-je fait si tu avais été fidèle ? ]

→ À lire : L’ellipse.

L’anacoluthe

On provoque un écart par rapport à la syntaxe courante.
Exemple :
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. (Charles Baudelaire)

L’asyndète

Elle consiste en une absence systématique d’outils de liaison (conjonctions ou adverbes) entre les groupes ou entre les propositions (ou même entre les phrases).
Exemple : Le jour tombait. La terre devenait grisâtre. J’attendais, l’œil fixé sur la ligne des arbres où l’un des deux chemins conduisait tout droit. J’étais inquiet. (Henri Bosco)

L’interrogation oratoire (ou rhétorique)

L’interrogation, comme procédure oratoire, est une figure de rhétorique qui ressort du pathétique. On peut s’en servir pour exprimer toutes les passions vives, pour presser, convaincre, réduire et confondre l’adversaire.
Exemple : Achille parle à Agamemnon pour Iphigénie qui lui a été promise :

Juste Ciel ! Puis-je entendre et souffrir ce langage ?
[…]
Qu’ai-je à me plaindre ? Où les pertes que j’ai faites ?
Je n’y vais que pour vous, barbare que vous êtes. (Jean RacineIphigénie)

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