Les figures grammaticales
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La figures grammaticales
Sommaire
Présentation
Il n’existe pas une seule manière pour classifier les figures de rhétorique. Les façons varient dans leurs détails, mais on retrouve souvent les mêmes concepts. Les rhéteurs divisent ordinairement les figures en deux grandes classes : les figures de mots et les figures de pensées. Il y a cette différence, dit Cicéron, entre les figures de pensées et les figures de mots, que les premières dépendent uniquement du tour de l’imagination, en sorte qu’elles demeurent toujours les mêmes, quoiqu’on change les mots qui les expriment, tandis que les autres sont telles que si l’on change les paroles, la figure s’évanouit. [En savoir plus…]
→ À consulter : Rhétorique et style. – La rhétorique. – Les figures de rhétorique. – Les figures de style.
Définition des figures de mots
Les figures de mots sont celles qui consistent dans la disposition des mots, ou dans la signification étrangère qu’on leur donne. Dans ces sortes de figures, les mots sont employés de manière à rendre la pensée plus frappante en lui donnant plus de grâce ou plus de force.
Classification des figures de mots
Les figures de mots peuvent se diviser en trois classes :
- les figures grammaticales, qui s’éloignent des règles générales du langage ;
- les figures oratoires, qui consistent dans un certain arrangement des expressions destiné à embellir le style, et qui comme les figures de grammaire conservent aux mots leur signification propre ;
- enfin, les tropes, qui donnent aux mots une signification différente de leur signification naturelle.
⬆ Classification des figures de rhétorique : les figures de mots et les figures de pensées.
Les figures grammaticales
Dans cet article, nous étudierons les différentes figures grammaticales. Elles sont sont au nombre de cinq : l’inversion, l’ellipse, le pléonasme, la syllepse et l’hypallage.
L’inversion
L’inversion (n.f.) est une figure qui transpose l’ordre grammatical de la construction de la phrase, qui d’habitude énonce : le sujet, l’action ou l’état, le complément, et va du « déterminé » (l’objet à déterminer) au « déterminant ». Cette figure est employé pour empêcher la monotonie et donner plus de grâce au discours. L’inversion, qui est un des privilèges et une des beautés de la poésie, ne s’emploie guère en prose que dans le style soutenu.
La grammaire distingue plusieurs types d’inversion :
▪ Inversion, dite poétique, de l’attribut :
Exemple : Fière est cette forêt dans sa beauté tranquille. (Alfred de Musset, Poésies nouvelles, « Souvenir », 1850)
▪ Inversion, dite poétique, du complément déterminatif :
Exemple : Un soir qui traîne au fil d’un lambeau voyageur // De ma docile enfance un reflet de rougeur. (Paul Valéry)
▪ Inversion, usuelle en poésie, du complément d’adjectif :
Exemple : Mais si ce même enfant à tes ordres docile, // Doit être à tes desseins un instrument utile… (Jean Racine, Athalie, Acte I, scène 2)
L’ellipse
L’ellipse (n.f.) consiste à retrancher dans une phrase un ou plusieurs mots dont la conservation serait exigée par la grammaire, mais que l’on peut facilement suppléer. Cette condition suffit, suivant Condillac, pour qu’une ellipse soit bonne. Cette figure donne de la précision, de la vivacité, de l’énergie et de la noblesse au discours, sans rien ôter à la clarté.
Exemple : Silence ! pour dire Faites silence !
→ À lire : L’ellipse (article détaillé).
Le pléonasme
Le pléonasme, qui est l’opposé de l’ellipse, admet des mots qui sont inutiles pour le sens, mais qui donnent plus d’élégance et de force à la pensée ou au sentiment. Cette figure établit une redondance entre deux termes dont l’un qualifie l’autre, ou qui sont coordonnés entre eux.
Exemples :
- Eh ! que m’a fait à moi cette Troie où je cours ? (Jean Racine)
- Puissé-je de mes yeux y voir tomber la foudre ! (Pierre Corneille)
- Dormez votre sommeil, grands de la terre. (Jacques-Bénigne Bossuet)
- Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu.
Ce qu’on appelle vu. (Molière)
Le pléonasme qui ne fait pas ressortir la pensée, qui ne rend pas la phrase plus énergique ou plus gracieuse, n’étant qu’une suite de mots inutiles, doit être évité.
→ À lire : Le pléonasme (article détaillé).
La syllepse
La syllepse fait accorder un mot avec la pensée plutôt qu’avec celui auquel il se rapporte grammaticalement. Cette figure, rare en prose, se rencontre assez souvent en poésie. On distingue la syllepse du nombre, la syllepse du genre et celle de la personne.
Exemples :
Entre le pauvre et vous, vous prendrez Dieu pour juge :
Vous souvenant, mon fils, que caché sous ce lin,
Comme eux vous fûtes pauvre, et comme eux orphelin.
(Jean Racine, Athalie, Acte IV, scène 3)
Je ne vois point le peuple à mon nom s’alarmer ;
Le ciel dans tous leurs pleurs ne m’entend point nommer.
(Jean Racine, Britnannicus, Acte IV, scène 3)
Un seul être du moins me restait sous les cieux ;
(Ce coup) la frappa lentement pour m’être plus sensible.
(Alphonse de Lamartine, Méditations poétiques, « L’homme »)
Allons dans les combats porter mon désespoir,
Et mourons-y du moins fidèle à mon devoir.
(Jean-François Marmontel, Denis le tyran, Acte I, scène 7)
L’hypallage
L’hypallage (n.f.) est une figure par laquelle on attribue à certains mots d’une phrase ce qui appartient à d’autres mots de cette phrase, sans que l’on puisse d’ailleurs se méprendre au sens.
Exemples :
Rendre l’homme au bonheur, c’est le rendre à la vie.
Trahissant la vertu sur un papier coupable.
(Nicolas Boileau, L’Art poétique)
J’aspire, volupté divine !
Hymne profond, délicieux !
Tous les sanglots de ta poitrine.
(Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, « Madrigal triste »)
📽 Vidéo : La rhétorique – l’essentiel à savoir
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