La poésie : repères historiques

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La poésie : Repères historiques

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Retrouvez quelques repères historiques concernant la poésie du Moyen Âge au XXe siècle. La poésie est un genre littéraire associé à la versification et soumis à des règles prosodiques particulières, variables selon les cultures et les époques, mais tendant toujours à mettre en valeur le rythme, l’harmonie et les images.

Le poète lyrique

Au Moyen Âge, le poète s’accompagnait d’une lyre pour chanter ses sentiments. Homère, dans l’Antiquité, allait de ville en ville, racontant aux populations des histoires empreintes de fureur, de tristesse et d’allégresse. Le poète n’a pas tardé à découvrir que son cœur même pouvait faire office d’une lyre. Parmi les sentiments, il y en a un qui jouera un rôle privilégié chez les poètes romantiques : c’est la souffrance, qui permet, à travers son malheur personnel, d’embrasser l’humanité entière. Musset a dit : « Rien ne nous rend si grands qu’une grande douleur. » Et aussi : « Les plus désespérés sont les chants les plus beaux. »

→ À lire : La poésie lyrique. – Le Romantisme.

Le poète parnassien

En réaction au Romantisme, les poètes du mouvement parnassien prônent, à partir des années 1860, une poésie impersonnelle, objective et maîtrisée. L’écriture poétique est un véritable travail artisanal, analogue à celui du bijoutier. Ces poètes ont accordé la primauté à la fabrication du vers et à sa structure. Ils établissent le culte de la beauté impassible. Théophile Gautier ferme un poème intitulé L’Art sur cette strophe :

Sculpte, lime, ciselle ;
Que ton rêve flottant
Se scelle
Dans le bloc résistant !

La figure la plus talentueuse du groupe des poètes parnassiens fut José-Maria de Hérédia (1842-1905) dont les 118 sonnets rassemblés dans le recueil Les Trophées furent considérés comme les plus parfaites illustrations de la « doctrine » parnassienne.

→ Courant littéraire Le Parnasse.

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Le poète mage

C’est le poète conducteur du peuple et sonneur de clairons. Victor Hugo a défini cette attitude, en particulier dans deux poèmes des Contemplations Ibo (j’irai) et Les Mages. Le poète est un être élu et le possesseur d’un trésor qui l’égale à Dieu : le verbe. Il lui est donné d’interroger ce que Hugo appelle la « bouche d’ombre », c’est-à-dire le mystère de l’univers, qu’il traduit dans un langage clair : il fait alors œuvre de visionnaire.

J’irai lire la grande bible ;
J’entrerai nu
Jusqu’au tabernacle terrible
De l’inconnu.

Le poète symboliste

Au poète mage et visionnaire succède le poète symboliste dont les représentants sont Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud (Illuminations).

Pour Baudelaire, la poésie est différente de la vérité, qui est « la pâture de la raison » ; c’est cette aspiration vers une beauté supérieure qui reste le but et le principe de la poésie.

Le sonnet  des « Correspondances », dans Les Fleurs du Mal, apparaît comme une théorie de la création poétique. Derrière des éléments et des perceptions multiples et éclatées qui constituent le monde réel, se profile un ordre plus pur qui sera l’expression infaillible de l’âme du poète. Cet ordre se développera sur trois plans, d’abord celui du monde sensible, puis un autre plus élevé, pour arriver à l’univers des « choses » de l’esprit.

Ainsi naît vraiment le symbolisme qui définit les techniques du verbe poétique par l’unité indissoluble du signe et du sens, du dire et de l’être.

→ À lire : Le Symbolisme. – Charles Baudelaire : Les Fleurs du Mal.

Le poète voyant

Dans ses Lettres de 1871, Arthur Rimbaud écrit : « Je veux être poète et je travaille à me rendre voyant […] Il s’agit d’arriver à l’inconnu par le dérèglement de tous les sens. » Il veut « trouver une langue ».

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Dans « Alchimie du verbe » (Une saison en enfer), il dit : « Je me flattai d’inventer un verbe poétique accessible, un jour ou l’autre, à tous les sens. Je réservais la traduction. Ce fut d’abord une étude. J’écrivais des silences, des nuits, je notais l’inexprimable. Je fixais des vertiges. »

Selon Rimbaud, le poète est un « voleur de feu » et il a une mission auprès de l’humanité. Mais la poésie aurait aussi le pouvoir de « changer la vie », c’est-à-dire de créer un monde nouveau : « Des êtres parfaits, imprévus s’offriront à tes expériences… ta mémoire et tes sens ne seront que la nourriture de ton impulsion créatrice. »

Le poète surréaliste

Tristan Tzara est l’initiateur du mouvement dada à Zurich, élan de révolte littéraire et esthétique né après la Première Guerre mondiale. Les surréalistes rompent avec ce mouvement vers 1920. Ils rejettent toute construction logique de l’esprit pour toucher an monde intérieur qui vibre en nous, à l’inconscient.

Dans le Premier Manifeste du surréalismeAndré Breton écrit à propos de l’imagination : « Chère imagination, ce que j’aime en toi, c’est que tu ne pardonnes pas […] réduire l’imagination à l’esclavage […] c’est se dérober à tout ce qu’on trouve au fond de soi de justice suprême. La seule imagination me rend compte de ce qui peut être. »

Avec les surréalistesl’imagination se met donc à faire « le cheval échappé » (Montaigne), elle s’aventure dans une zone interdite, dans laquelle on va enfin pénétrer de force afin de découvrir les démons et les merveilles. Cette imagination est exploratrice de la surréalité de l’homme.

Un nouveau mode d’expression poétique était né dont voici une définition : « Surréalisme, automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée en l’absence de tout contrôle exercé par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale. »

Le Surréalisme utilise l’écriture automatique et exploite les ressources du hasard, de l’humour, du merveilleux, de la folie. Parmi les principaux artistes surréalistes, citons les écrivains André BretonPaul ÉluardRobert Desnos et les peintres André Masson et René Magritte.

→ À lire : Le dadaïsme. – Le Surréalisme.

ℹ L’écriture automatique
C’est une méthode d’écriture inventée par André Breton et caractéristique du mouvement surréaliste. Inspiré par les travaux de Freud et désireux de libérer la puissance de l’inconscient, André Breton imagina cette technique consistant à écrire tout ce qui lui passe par la tête sans aucun souci de cohérence, de grammaire ou même de respect du vocabulaire.
→ À lire : L’écriture automatique.

Le poète engagé

La poésie engagée exprime des prises de position et dénonce les atteintes aux droits humains. La Seconde Guerre mondiale donne naissance à une nouvelle génération de poètes, en contact direct avec les événements historiques : l’expression poétique devient le refuge de la grandeur et de la sincérité. Robert DesnosLouis AragonPaul Éluard écrivent des textes qui sont des appels à la Résistance à l’occupant allemand.

Après la Libération, la poésie reste en contact avec l’actualité. Les poètes sont soutenus par diverses revues poétiques et éditions spécialisées.

Parmi les plus connus, citons :

– Henri Michaux : il compose des œuvres dans une prose lapidaire et désarticule le langage. Il veut s’affranchir, par la violence des mots, de l’hostilité qu’il ressent dans le monde qui l’entoure. Parmi ses recueils : La nuit remueFace à ce qui se dérobe.

Guillaume Apollinaire renouvelle et enrichit la poésie française d’images insolites et neuves avec son recueil Alcools, notamment. Il est l’un des initiateurs de l’art moderne.

Jacques Prévert utilise habilement la technique de l’énumération : son principal recueil est Paroles. Issu du surréalisme, il se fait délibérément le poète du quotidien dans ce qu’il a de nature et d’insolite.

– Saint John Perse marque un retour à la poésie de l’âme. Il traduit la beauté du monde dans un langage luxuriant. Il utilise des images foisonnantes et des symboles exotiques dans des œuvres où l’ampleur de la vision est exceptionnelle. Voici quelques-uns de ses titres : Anabase, Exil, Neiges, Vents.

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