Le métaplasme

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Le métaplasme

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Présentation

Le métaplasme est la dénomination générale que l’on applique aux changements apportés dans un mot par l’addition, la suppression ou la transposition d’une lettre ou d’une syllabe. Parmi les métaplasmes qui, portant sur le matériel même du mot, sont plutôt des figures de grammaire que de rhétorique, on distingue les suivants : la prosthèse, l’épenthèse, la paragoge, l’aphérèse, la syncope, l’apocope, la métathèse, la crase, la synérèse, l’élision et la diérèse.

Le métaplasme - Parmi les métaplasmes, on distingue : la prosthèse, l'épenthèse, la paragoge, l'aphérèse, la syncope, l'apocope, la métathèse, la crase, la synérèse, l'élision et la diérèse.

→ À consulter : Rhétorique et style. – La rhétorique. – Les figures de rhétorique » Les figures grammaticales. – Les figures de style.

La prosthèse

La prosthèse consiste dans l’addition d’une lettre au commencement d’un mot. C’est au moyen de cette figure que nous avons formé de ranunculus, grenouille; de umbilicus, nombril.

C’est encore par prosthèse que se sont formés : espace de spatium; esprit de spiritus; estomac de stomachus; étude, étudier (anciennement estude, estudier), de studium, studere, etc.

On doit regarder comme une véritable prosthèse toute particule placée à la tête d’un mot, et qui ajoute au sens de ce mot une idée accessoire: Amener, comprendre, dédire, maltraiter, mécontenter, reprendre, etc.

L’épenthèse

L’épenthèse (n.f.) est un phénomène consistant dans l’apparition, à l’intérieur d’un mot ou groupe de mots, d’un phonème adventice d’origine ou de nature non étymologique qui contribue à en faciliter l’articulation. Souverain, de l’italien Sovrano, Boulevard, de l’allemand Bolwerk, nous présentent des cas d’épenthèse.

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L’épenthèse peut également être utilisée dans des langues pour des raisons morphologiques. Par exemple, en français, on peut observer l’épenthèse de la voyelle i dans certains mots lorsqu’ils sont combinés avec des suffixes, comme dans animal qui devient animalier avec l’ajout du suffixe -ier.

En résumé, l’épenthèse est l’ajout de sons, généralement des voyelles, à l’intérieur d’un mot pour des raisons de prononciation ou de morphologie.

La paragoge

La paragoge est l’addition d’une lettre ou d’une syllabe à la fin d’un mot. C’est par paragoge que les Latins disaient egomet pour ego, hicce pour hic, que les poètes français ont employé avecque pour avec, et qu’on écrit encore guères pour guère, jusques pour jusque, certes pour certe.

Le pluriel, le féminin des adjectifs, et les adverbes terminés en –ment, sont formés par paragoge. Il en est de même des noms abstraits beauté, bonté, chasteté, pureté, formés des ajectifs beau, bon, chaste, pur.

Quelques poètes ont ajouté, par une sorte de paragoge, une s à la fin de certains mots, contrairement à l’étymologie ou à la syntaxe :

Le long d’un clair ruisseau buvait une colombe,
Quand sur l’eau se penchant une fourmis y tombe ;
Et dans cet océan on eût vu la fourmis
S’efforcer, mais en vain, de regagner la rive.

(Jean de La Fontaine)

– Vous savez à quel mot nous nous reconnaissons ?
– Oui. – Maintenant vas donc, vas ! … On frappe ! … Attendons.

(Ernest Legouvé)

L’aphérèse
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L’aphérèse (n.f.) est le retranchement d’une lettre ou d’une syllabe au commencement d’un mot. Ainsi lors pour alors, las pour hélas, se sont formés par aphérèse.

Oh ! combien lors aura de veuves
La gent qui porte le turban.

(François de Malherbe)

Vous aviez lors la panse un peu moins pleine.

(Jean de La Fontaine)

Ils se verront au temple en hommes généreux ;
Mais las ! Ils se verront et c’est beaucoup pour eux.

(Pierre de Corneille)

On écrivait autrefois icy, ici, après un nom et un pronom :

Et quoi, je m’iray plaindre après ces gens icy ?
Non, l’exemple du temps n’augmente mon soucy.

(Mathurin Régnier)

Aujourd’hui, on écrit ci par aphérèse : cet homme-ci, celui-ci.

On disait familièrement par aphérèse ardes pour regardez :

………………………….. Ardez le beau museau,
Pour nous donner envie encore de sa peau.

(Molière)

C’est encore par aphérèse que du latin arrogans, fier, nous avons formé rogue; d’avunculus, oncle, et de gibbosus, bossu.

La syncope

La syncope se réfère à la suppression ou à l’omission d’un ou plusieurs phonèmes, généralement des voyelles, à l’intérieur d’un mot. Ce phénomène peut se produire pour des raisons phonétiques ou morphologiques et peut affecter la prononciation ou la forme d’un mot. Le mot v’là en français courant est syncope de voilà. On dira aussi dang’reux [dɑ̃ʒ.ʁø] au lieu de dangereux [dɑ̃.ʒə.ʁø].

L’apocope

L’apocope (n.f.) est le retranchement d’une lettre ou d’une syllabe à la fin d’un mot. C’est par apocope que les Latins disaient di pour dii, que les poètes français écrivent en vers encor pour encore; je di, je croi, pour je dis, je crois; pié pour pied, etc., et que nous écrivons grand-mère, grand chambre, grand-messe, etc., pour grande-mère, grande chambre, grande-messe.

Une foule de mots, tels que bon, vil, bel, ont été formés, par apocope, des mots latins bonus, vilis, bellus. De nudus nous avons formé nud, puis nu.

C’est aussi à l’apocope que nous devons les noms propres Aristote, Longin, Paris, Franc, formés de Aristoteles, Longinus, Parisii, Francus.

La métathèse

La métathèse consiste dans la transposition d’une lettre :

Le monde est un berlan où tout est confondu.

(Mathurin Régnier)

Nous disons aujourd’hui, par métathèse, brelan.

Ce changement, presque toujours fondé sur l’euphonie, a particulièrement lieu quand les mots passent d’une langue dans une autre. De forum, nous avons formé four par métathèse et apocope :

Penses-tu qu’à présent un homme a bonne grâce
Qui dans le Four l’Evesque entérine sa grâce?

(Mathurin Régnier)

Et de four, nous avons formé for par crase; ainsi que de evesque, évêque : For-l’Évêque.

→ À lire : L’euphonie et les lettres euphoniques.

L’attraction ou la commutation

On désigne sous le nom d’attraction ou de commutation les changements de lettres opérés dans l’orthographe de certains mots, par suite de l’influence de certaines consonnes sur certaines autres avec lesquelles elles doivent se lier dans la prononciation. Ainsi, c’est par attraction ou commutation qu’on écrit illégal pour inlégal, allocution pour ad-locution, etc.

La contraction : la crase, la synérèse et l’élision

La contraction est la réduction de deux syllabes en une seule. La contraction ou change la forme des mots, ou en modifie seulement le son dans le premier cas elle est désignée sous le nom de crase; dans le second, sous celui de synérèse et d’élision.

La crase

La contraction appelée crase est la réunion de deux syllabes en une seule. C’est par crase que les Latins disaient mi pour mihi, sis pour si vis.

Toute voyelle surmontée d’un accent circonflexe indique la contraction de deux voyelles en une seule ou la suppression d’une consonne. Ainsi nous écrivons âge pour aage, rôle pour roole, maître pour maistre, ancêtre pour ancestre; nous aimâmes, qu’il aimât, pour nous aimasmes, qu’il aimast, etc.

La synérèse

La contraction appelée synérèse est la réunion de deux syllabes en une seule, mais sans aucun changement dans le matériel du mot. C’est par synérèse que les poètes latins contractaient en deux syllabes Orpheus, deerant.

C’est par une sorte de synérèse que nous prononçons Renard pour Regnard, Montagne pour Montaigne, Can pour Caẹn, fan, pan, pour faon, paon, et ton pour taon; que de gaigner, dérivé de gain, nous avons fait gagner; et que les anciens poètes changeaient quelquefois une voyelle double en une simple :

Il se plaist aux chevaux, aux chiens, à la campagne,
Facile au vice, il hait les vieux et les desdagne.

(Mathurin Régnier)

L’élision

L’élision (n.f.) est la suppression d’une voyelle finale qui s’absorbe dans la voyelle initiale du mot qui la suit. Nous avons deux sortes d’élisions, l’une est purement orale et n’est marquée par aucun signe, comme dans ces vers :

Veuillent les immortels conducteurs de ma langue,
Que je ne dise rien qui doive être repris!
Sans leur aide il ne peut entrer dans les esprits
Que tout mal et toute injustice.

(Jean de La Fontaine)

Où l’e final des mots doive, aide, toute, disparaît complétement dans la prononciation: doiv’être, aid’il, tout’injustice. Cette sorte d’élision ne s’applique qu’à l’e muet et à l’a, finale de l’article et du pronom la.

L’autre élision est ordinairement figurée par l’apostrophe. Elle marque la suppression d’une des voyelles finales a, e, i avant un mot commençant par une voyelle ou un h muet :

À Rome, la poésie s’est formée à l’école de l’éloquence.

(Marmontel)

Pour se est, la école, la éloquence.

Si la foi dans son cœur retrouvait quelque place,
S’il venait à mes pieds me demander sa grâce.

(Jean Racine)

S’il venait pour si il venait. L’élision de l’i n’a lieu que dans la conjonction si et seulement avant le pronom masculin il, ils.

→ À lire : L’élision.

La diérèse

La diérèse est la figure qui divise les voyelles doubles en deux syllabes. Ainsi les Latins disaient aulaï pour aulœ.

C’est par une sorte de diérèse que nous avons formé ambroisie, fantaisie, d’ambrosie, fantasie :

La vertu ………………………………………………………………
D’hommes vous faisant dieux, vous paissoit d’ambrosie
Et donnoit place au ciel à vostre fantasie.

(Mathurin Régnier)

Cette figure est le contraire de la synérèse.

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